samedi 28 mars 2015

L'entreprise Kochs-Adler, Bielefeld ^^

Cela faisait très longtemps que je ne vous avais pas écrit un petit article "historique" relatif à une entreprise allemande. Votre patience est récompensée, voici la firme Kochs-Adler (plus connue sous le nom d'"Adler" tout court) ^^

Carl Baer est originaire de Sonnenburg, en Allemagne. Il y a appris le métier de serrurier. Il quitte sa ville natale d'abord pour Berlin, où il travaille comme mécanicien, puis comme chef d'atelier, puis à Bielefeld où, en 1858, il travaille auprès d'un horloger avant de fonder son propre atelier en 1859.  

En 1860, il fonde la firme Adler avec son associé Heinrich Koch. Elle s'appelait alors "Nähmaschinenfabrik C. Baer und Koch" et employait 14 ouvrier dès les premiers mois. Leur atelier devient vite trop petit et la firme emménage dès 1862 dans une nouvelle usine, sise Bahnhofstrasse à Bielefeld. Les machines fabriquées sont des répliques des machines Wheeler & Wilson, puis de Grover & Baker.
  Carl Baer quitte l'entreprise en 1865 et Heinrich Koch change le nom de la société en "Koch und Co". Il décède cependant en 1866 et c'est sa veuve qui reprend la direction de l'entreprise, avec l'aide du Dr. Gieseler (un expert en mécanique) et de Carl Recker (qui était jusque là vendeur chez Dürkopp). L'usine est agrandie, le matériel et l'outillage sont modernisés et la production annuelle passe de 380 (en 1868) à 975 unités (1873).

La veuve Koch et le Dr. Gieseler se retirent de l'entreprise en 1873, et Carl Recker reprend la direction de l'entreprise. Il adjoint une fonderie à l'usine en 1890 et lance son nouveau modèle la même année, l'"Adler" (l'aigle, en français). Il s'agit d'une machine domestique à navette rotative qui va connaitre énormément de succès et qui va donner son "second nom" à l'entreprise. Celle-ci est introduite en bourse en 1895 sous la dénomination "Nähmaschinenfabrik und Eisengiesserei vormals H. Koch un Co". Elle rechange de nom en 1901, pour "Kochs Adler AG". 

Une vue d'artiste de l'usine de Bielefeld, début du XX siècle


L'argent récolte par l'entrée en bourse de la société permettent la construction d'une nouvelle usine sur la Mindener Strasse. Bien que très centrée sur son core-business, à savoir les machines industrielles et spéciales destinées à l'export, l'entreprise se diversifie quand même et se lance dans la production de vélos, commercialisés sous l'appellation "Concordia".


Durant la première guerre mondiale, les statistiques de production, qui ne sont déjà pas très élevées du fait que les machines produites sont des machines un peu hors normes, sont en net recul. Le nombre d'ouvriers passe de 1300 à 460 personnes, principalement des femmes qui remplacent les hommes partis au front. L'usine produit des munitions et des pièces de rechange pour les fusils.

L'usine est entièrement modernisée après la guerre, et des équipements sociaux nécessaires y sont adjoints. La production de vélos est abandonnée, ce qui permet la production annuelle de 25.000 machines à coudre dès l'année 1925. La Grande Dépression contrarie les plans de l'entreprise, qui se voit obligée de travailler en collaboration étroite avec la firme Dürkopp, afin d'éviter les frais de recherche et de développement, ainsi que les machines produites en petites séries (ce qui les rend relativement plus onéreuses). 
La firme Adler produit alors des machines aux standards de Dürkopp, qu'elle commercialise par l'intermédiaire des revendeurs Dürkopp, mais sous son propre nom. Par exemple, la machine à coudre Adler classe 11 à navette vibrante est la réplique exacte de la Dürkopp classe 111.

L'aigle d'Adler

La seconde guerre mondiale est désastreuse pour l'entreprise à bien des égards. La production des machines à coudre est abandonnée au profit de l'effort de guerre, et l'usine est démolie dans les bombardements alliés. La production de machines à coudre ne reprend qu'en 1948, et la firme se lance également dans la production de machines à écrire (1955) puis dans une gamme de machines à coudre peu couteuse vendue par correspondance, la série "Adlerette". 


En 1990, et après trois ans de négociations liées à un différend juridique, la firme Koc AdlerNähmashinenwerken AG fusionne avec la société Dürkopp, l’autre gros fabricant de machines à coudre de la ville de Bielefeld et devient la société Dürkopp Adler AG. Elle emploie alors 3000 travailleurs.

La société est aujourd’hui la propriété du groupe chinois SGSB, qui en détient la majorité des actions. 29% du capital appartient à la société Zoje Europe GmbH, une filiale du groupe chinois Zoje Machine à coudre Co. Ltd. La firme a mis fin à la production de vélos en 2006, et a cédé l'activité de production de roulement à billes à la société Knapp AG.

Dürkopp Adler AG ne propose donc plus que des solutions dans le domaine de la couture industrielle. Outre l'usine de production à Bielefeld, en Allemagne, Dürkopp Adler AG possède deux autres sites de production, le premier à Minerva Boskovice en République tchèque, destiné à la production des machines, et le second à Sangeorgiu de Mures, en Roumanie, où sont produites les pièces de rechange. Dürkopp Adler AG  dispose aussi du site de production de son actionnaire principal, SGSB, qui se trouve à Shanghai, en Chine.


Quelques liens intéressants:
* une gravure représentant une ancienne machine industrielle Kochs Adler (faire dérouler les images jusqu'à la lettre "K")

* la même machine industrielle que celle de la gravure, mais en "vrai"
* un aperçu de diverses machines produites par la firme (en anglais)
* un autre aperçu de diverses machines produites par la firme, très richement documenté (textes et photos, mais en allemand cette fois).


A bientôt,

Callisto

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